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Axe 2 : Corps, communication et langue

La genèse des Langues des Signes Émergentes (LSE) met en évidence un phénomène fondamental : la capacité du corps à devenir un espace de création linguistique, même en l’absence de tout modèle préexistant. Les travaux menés auprès des enfants sourds grandissent exclusivement dans des environnement entendant (Goldin-Meadow, 2003 ; Fusellier-Souza, 2004, 2006, Fusellier-Souza & Martinod, 2024) montrent comment ces derniers mobilisent spontanément leur ressources corporelles pour élaborer des systèmes gestuels autonomes. Souvent désignés sous le terme homesigns dans la recherche américaine, ces systèmes témoignent d’une structuration fondée sur l’iconicité, moteur de leur émergence et de leur organisation linguistique.. Ce processus, au cœur de l’approche sémiogénétique, interroge les frontières entre geste, langue et communication, en éclairant les mécanismes à l’origine de la création langagière par le corps.

En France, les recherches sur la Langue des Signes Française (LSF) ont permis de documenter l’évolution progressive des stratégies gestuelles vers un système linguistique conventionnalisé. Cuxac (1996, 2000) a notamment mis en lumière le processus d’iconicisation de l’expérience, dans lequel l’iconicité grammaticalisée, joue un rôle structurant. Ce processus rejoint les dynamiques observées dans les LS émergentes (Cuxac, Sallandre & Fusellier-Souza, 1999) soulignant une continuité de formes gestuelles individuelles et construction de systèmes linguistiques par le regroupement des sourds. Ainsi. les innovations gestuelles initialement isolées tendent à devenir, à travers l’usage partagé, des conventions langagières stabilisées, propre aux LS macro-communautaires. 

 Le corps, les gestes, les expressions faciales demeurent ainsi au cœur de la grammaire des langues des signes. Ce champ d’investigation invite à explorer les liens étroits entre créativité corporelle, communication visuo-gestuelle et construction linguistique, tant dans les contextes d’émergence que dans les langues des signes institutionnalisées. L’analyse de ces phénomènes, à travers des approches complémentaires, permet de mieux comprendre comment les langues se forment, se transforment et s’incarnent dans les pratiques sociales et interactionnelles.